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L’histoire du marin Hollandais Pieter Kool
Par Fabien Sinnett
Pieter Kool est né en 1898, dans le petit village de Wijdenes, en Hollande, à 60 miles de « Amsterdam ». Marié a Grietje Van Deblom, ils eurent deux enfants : un fils Henk, et, 16 ans plus tard, le 26 septembre 1940, une fille du nom de Will Dijkman Kool.
Pieter Kool était marin dans la marine marchande des Pays Bas. Celle-ci s’appelait la « Royal Dutch Steamboat Company ». Il quitte les Pays-Bas pour l’Angleterre en janvier 1940 à bord du navire « Stuyvesant ». En mai 1940, les Allemands envahirent les Pays Bas. Comme il fut impossible pour lui d’y retourner, il s’engagea alors sur le navire Hollandais « SS Saturnus » qui s’avérait être un navire de ravitaillement des forces alliées vers l’Angleterre.
Le 15 septembre 1942, le « SS Saturnus » faisant partie d’un convoi de 21 navires (le SQ36). C’est en naviguant au large de Cap-Des-Rosiers que le bateau fut atteint par une torpille lancée par le sous-marin Allemand U-517. Malheureusement, Pieter Kool, qui était artilleur à l’arrière du navire, se situait à l’endroit même où la torpille avait frappé, le tuant sur le coup. Cette journée coïncidait avec le jour de son 44e anniversaire de naissance.
Dans l’après-midi de cette même journée, lors de mon retour de l’école, j’ai été témoin de l’arrivée des rescapés du navire au poste de secours situé sur la Pointe O’Hara. Une véritable scène d’horreur s’y déroulait : il y avait plusieurs marins blessés et grelotant à l’arrière de camions. Une ambulance militaire est venue recueillir les blessés afin de les transporter vers l’hôpital.
L’épouse de monsieur Kool attendit plusieurs mois avant d’être informée de l’événement. Ce n’est que le 23 décembre 1942 qu’elle fut informée par la Croix-Rouge que son marie était porté disparue en mer. Elle a ensuite reçu une lettre en septembre 1945 (trois ans plus tard) de la « Sea Risk Association » disant que Pieter Kool avait perdu finalement la vie lorsque son navire fut torpillé par un sous-marin Allemand après avoir quitté Sydney. Pendant plusieurs années, elle pensa qu’il s’agissait de Sydney, en Australie. Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’elle apprit qu’il s’agissait plutôt de Sidney en Nouvelle-Écosse.
Will Dijkman Kool, la fille de monsieur Kool, n’avait jamais connu son père. Elle décida de faire des recherches à partir de 1995 après avoir assisté à une cérémonie pour le 50e anniversaire de la fin de la Guerre. En 2000, Will Dijkman apprend que le « Saturnus » avait coulé au large de Gaspé. Elle envoie donc une lettre à la ville de Gaspé concernant ses recherches. La ville de Gaspé m’a alors transféré la lettre. Suite à cette demande, je me suis rendu à Cap-Des-Rosiers afin de consulter des témoins du torpillage de l’époque et savoir si quelqu’un se rappelait qu’un corps avait atterrie sur la grève parmi les débris en 1942. Malheureusement, aucune victime n’avait été retrouvée sur la plage.
En 2015, Will Dijkman Kool apprend qu’on avait localisé l’endroit où l’épave du navire « SS Saturnus » reposait. Elle décida donc de planifier une voyage à Gaspé avec sa famille afin de déposer une couronne de fleurs à l’endroit où repose aujourd’hui l’épave. C’est en 2021 que le voyage a finalement eu lieu. Le 25 septembre 2021, j’ai eu l’honneur d’accueillir les cinq membres de la famille sur le site du « Berceau du Canada ». Nous avons visité le petit musée sur la Bataille du Saint-Laurent (la base navale) pour ensuite se diriger vers le Musée de la Gaspésie où est exposée une torpille Allemande. Pour cette visite, j’avais invité un des rares témoins du torpillage du navire, monsieur Gérald Giasson. Avec la collaboration de Parcs Canada, la famille a également eu droit à une visite de l’endroit où le navire fut coulé. Au moment où ceux-ci déposait une couronne de fleurs à la mer en guise d’hommage, trois baleines apparurent, faisant le tour de l’embarcation durant une vingtaine de minutes. Tous étaient impressionnés par se spectacle.
Finalement, le rêve de cette dame fut réalisé. Elle a enfin pu rendre hommage à son père et a pu retourner chez-elle, aux Pays-Bas, la tête pleine de souvenirs. Je suis heureux d’avoir eu la change de faire la connaissance de cette sympathique famille.
Fabien Sinnett